Liberté

27 Janvier 2009

C' est un jour hors de l' ordinaire , celui qui me laisse sans mes petites mains et me permet de disposer d' un temps qui s' étire audelà du réel . Elles sont si rares ces occasions , au compte goutte , prévues depuis des semaines ou parfois au dernier moment . Pas plus de deux par mois ,voilà la seule constante , malgrè mes plaintes et parfois mes colères mais personne ne semble vouloir changer les choses . Alors je sais que je vais les déguster ces minutes précieuses . Finalement leur saveur n' en sera que meilleure , et c' est ce que je préfère garder avant de poursuivre .
Un baiser déposé , leurs sourires dans mes poches j' aime l' air frais du matin qui vient rosir mes joues .Je m' arrête remplir mon sac d' un tout petit présent et j' attends pour ne pas faire la route seule que S. montre sa silhouette . Il arrive au loin et j' admire son pas décidé et son air d' étudiant insouciant . Un cadeau que ces partages renouvelés ...plus tard il faudra penser à un temps futur où je serai bien plus seule . Je balaye l' idée ..le présent uniquement !!!
Main dans la main nous trouvons une place dans ce train de banlieue que je n' aime pas vraiment pour les souvenirs de meurtres commis et qui restent gravés à tout jamais dans mon esprit . Le train est lent ce matin , il semble me narguer , moi qui ne veux pas inscrire la patience au registre d' éventuelles qualités .Alors nous changeons et préférons rejoindre le métro plus rapide . Me voilà seule , un étudiant est fait pour aller réfléchir sur de noirs pupitres et non pour se promener !
Le trajet aura été long mais enfin je suis à l' air libre . Je remonte les rues poussant mon souffle court jusqu' à ses limites admirant l' étal du fromager , puis les somptueux gateaux et me voici dans un lieu calme fait de verdure et de grandes allées .L' ascenseur est comme ceux que j' aime avec ses grilles et son espace chaleureux et me laisse entrevoir son sourire . Petits moments de vie partagés dans un salon aux mêmes couleurs que celui que j' ai laissé . Je suis bien , je t' écoute me narrer des évènements bouleversants ,essayer de comprendre pourquoi certaines familles qui le méritent encore moins que d' autres sont amenées à souffrir au delà de tout ce qui peut etre imaginé. Et puis je regarde avec toi les penderies remplies avec gout , le parfum des enfants envahissant l' atmosphère .
Il est déjà l' heure de te laisser mais avec la perspective d' autres fois, ailleurs, avec toujours ce même plaisir .
Mon petit estomac crie famine , nous sommes deux à y puiser et je file vers cette amie que le hasard et la Capitale m' ont permis de retrouver avec tant de joie . Je suis toujours ébahie par sa beauté , la lumière que ses cheveux blonds ont toujours dégagés .Je la revois avec son blouson Chevignon ,le vêtement que nous avions tous ou presque dans un désir d' uniformité et d' appartenance à notre groupe , un chouchou sur la nuque dorée à cette époque bénie où la Corse étati notre terrain de jeu .
Elle travaille désormais dans un lieu prestigieux , responsable de recueillir les propos de tel et tel élu . Aujourd' hui elle nous a promis une visite exceptionnelle qui s' achève autour d' un repas copieux et raffiné dans une cantine de luxe .
Cette journée est si savoureuse , la joie de retrouver leurs petits regards si grande ..Je suis bien dans cette nouvelle vie qui prolonge l' ancienne que je chéris ; le téléphone sonne ...petit cadeau d' une marraine laissée mais heureusement si présente , point d' orgue de ces huit heures un peu hors du commun .